Critique LE NU INCIDENT

Suite à un appel à contribution émit le 28 février dernier par la plate forme incidents.net, voici enfin les résultats tant attendus… Après le thème du « drapé » en avril 2003, la thématique qui a été proposée pour cette année est « le nu ». Le nu est présenté comme une figure incontournable des arts plastiques, et le plus sûr révélateur des paradoxes inhérents au corps et à son image. Réinvesti par des artistes de différents « horizons numériques », ce sont les préoccupations les plus actuelles et quotidiennes qui s’offrent au regard des internautes :
« Si la création artistique est une mise à nu, un dévoilement et un voilement dans un seul et même geste, où se trouve aujourd'hui notre nudité? Que devient le nu lorsque le corps peut être industriellement clôné et que les nano-technologies investissent notre chair? Quelle est la relation entre la nudité généralisée et cette autre forme de mise à nu à laquelle l'expérience esthétique nous convie? » (Extrait de l’appel à contribution)
Autant des questions ouvertes qui se doivent de trouver une réponse. Du moins une esquisse, car au demeurant, il faut prendre en considération la prolifération médiatique des images de la nudité et la complexification d’une société occidentale marquée par l’« extrême » de ses pratiques corporelles contemporaines. Toucher à ce nu, c’est rendre compte de la diversité des regards qui se portent sur lui, dans ces singularités hors normes, et non standardisées. Autrement dit : un corps immaîtrisable et insoumis, qui par le voilement et le dévoilement d’une peau numérique, ou d’une série d’hybridations, déclencheraient la stupéfaction, le désir et l’exacerbation des sensations. Des sensations abstraites ou concrètes de la peau et des organes sexuels, qui ne laissent jamais indifférent … On peut se demander si de cette collaboration inédite et très prolixe, les figures d’Eros et de Thanatos ne se seraient-elles pas définitivement ancrées dans l’ère du numérique ?
Les corps présentés sont protéiformes, fantomatiques ou gazeux. Ils sont une matière meuble soumis aux désirs de l’artiste. Ainsi, il se peut qu’ils soient déjà dévoilés, « desérotisés » même, dans leur réalité crue et pornographique, en d’autre terme, déjà mis à nu dans toute leur impunité charnelle. Sous l’étoffe, dans l’ombre ou morcelés par le désir, ils seraient érotisés au gré de nos fantasmes, mais aussi de nos frayeurs. Que peut-il être ,encore, ce corps nu : un lieu, un événement, un corps sans organes, du moins un corps auquel nous n’aurions que partiellement accès, car toujours en devenir.
Là où ce porte notre regard, le corps dans son intégrité est aux prises avec le filtre puissant de la technologie. Celle-ci ne cesse d’interagir avec lui, en le transformant, l’hybridant, pour le désincarner et le réincarner… mais il reste une chose que l’on ne peut lui ôter, sans irrémédiablement le perdre, et c’est la peau et l’efflorescence des sensations haptiques qu’elle procure.

Artistes

Sébastien Loghman

JLNRR

Olivier Dyens

Maurice Pozor

Tokeo Magruder

Daltex

Carol Brandon

Jacques Perconte

Wilfried Agricola de Cologne

Judith Nothnagel

Jadeo Jun

Francine Gagnon

Anne Jawata

Reynald Drouhin

Alan Sondheim

Fred Maillard

Dimitri Fotiou

Philippe Bruneau

Brian Judy

Ivan Chabanaud

Yann Toma

Sylvain Hourany

Atrayu

Hervé Bailly-Basin

Willy le Maître

Lynn Foglesong-Derr & Robert Derr

Catherine James

Vivian Wenli Lin

Marcia Lyons

Caroline Chik



Publié sur Parisart.com