Critique PIANOGRAPHIQUE

Plus qu’une œuvre interactive, Pianographique est une interface qui fusionne les techniques des Dj’s (disque jockey) et des Vj’s (vidéo jockey). Ce projet réalisé par Jean-Luc Lamarque a débuté en 1993 par la diffusion d’un cd-rom. Il est désormais disponible depuis quatre ans en ligne, où il est soumis à de nombreuses évolutions. Même si son concepteur considère sa création comme une « œuvre ouverte » plutôt qu’une « œuvre d’art » en tant que telle. On ne peut qu’être agréablement surpris par le résultat artistique. Cette œuvre multimédia ouvre de nouveaux horizons interactifs pour ceux qui ont le désir de s’initier et de manipuler en temps réel les matières sonores et graphiques. Les techniques du cut-up, du collage, du fondu enchaîné prennent ici tout leur sens.
Le principe est simple, à chaque touche du clavier de l’ordinateur correspond un son et une image fixe ou animée. Ce principe de base est augmenté par les possibilités de faire évoluer les images grâce au pointeur de la souris, et à l’aide du curseur de changer les couleurs et de zoomer. Par tâtonnements et expérimentations successifs, on est en mesure de créer ses propres compositions personnelles en fonction des sons et des images préalablement programmés.
Dans le module Sound-system, plusieurs artistes de différents horizons ont offert leur palette graphique et sonore, afin de faire partager leur univers personnel, et leur engouement qu’il ont à agir sur lui. Des acteurs du net-art tels que Nicolas Clauss et Jean-Jacques Birgés, ou des inventeurs de son comme Serge de Laubier contribuèrent à ce projet.
Le module Continuum donne également l’opportunité de pouvoir créer son propre Pianographique, grâce à la mise à disposition d’une importante base de données. Ayant pour vocation d’être une œuvre collective, les sessions du public sont enregistrées. Bientôt, une nouvelles extension de Continuum sera mise en ligne : Maestro permettra de créer à volonté ses propres sons et images.
Toujours en recherche de nouveaux territoires d’expressions, Jean-Luc Lamarque propose son instrument à d’autres artistes, tel que Olivier Bardin. Avec ce dernier, il n’est plus proposé des images virevoltantes et leurs contingences musicales, mais des séquences de paroles et de diaporama recueillis sur un plateau de tournage. Le résultat est le module Pianoparole, avec lequel on peut recomposer à loisir des scènes avec des acteurs virtuels.
Avec Pianographique et ses différentes extensions, nous ne sommes plus dans la facile tentation de nous laisser guider par l’œuvre de l’artiste, car nous sommes aux prises avec notre propre sens créatif. Ce cite ludique est la proposition d’un nouveau langage qui met en osmose l’image et le son ; tels que l’ont conçu, en leur temps, les premiers collectifs de Vj comme Addicte tv ou EBN (Emergency Broadcast System).