THESE

On avance souvent l’importance d’une écologie visuelle fournissant des prises sur nos manières de percevoir le monde, comme mutation du regard anthropologique.
Cette recherche tente de prolonger et d’augmenter ces mêmes connaissances, non en privilégiant le sens extéroceptif relatif à la vision, mais au sens intéroceptif de la kinesthésie. Partant d’une anthropologie des sens, mettant l’accent sur le fait que les techniques au sens large (corporelles, NTIC, NBIC…) créent un sensorium commun, nous radicaliserons le principe de posthumanité au travers de la relation corps / milieu. Pour ce faire, nous interrogerons les dispositifs techniques et sociétaux comme moules de nos expériences, producteurs de formes perceptives - gestalt - communicables, pour les considérer comme les principaux vecteurs orientant nos critères esthésiologiques et esthétiques de perception. Pour appréhender ce processus nous rendrons compte de la tradition et des expérimentations sur les correspondances sensorielles, au sens baudelairien du terme, afin de définir ce que nous désignerons par œuvres immersives. Œuvres dont l’intention est d’envelopper toutes les expériences du vécu, avant qu’elles n’émergent en milieu. Ces dernières créent et préparent les conditions de possibilité des nouvelles mutations et d’hybridations posthumaines de nos systèmes perceptifs, autant qu’elles favorisent une sensibilité tournée vers l’écologie.
Cette démarche nécessite d’interroger l’engagement du corps de l’artiste dans l’acte créateur, ainsi que celui du sociologue, du point de vu de son aperception. C’est-à-dire des « postures » et des « gestes » qu’il se doit d’adopter afin de restituer l’épaisseur de l’expérience et l’engagement collectif avec ces mêmes dispositifs.