Critique FLASH FESTIVAL 2005

Pour cette quatrième édition le FLASH FESTIVALqui a eu lieu au Centre Georges Pompidou nous a une nouvelle fois prouvé que la créativité française est loin d’être tarie. En effet, plus de 500 projets ont été proposés lors de la session 2004. Cette année 18 projets ont été pré-sélectionnés (sans compter le florilège), et seulement huit lauréats furent retenus selon leur catégorie respective. Ces catégories sont Graphisme, Net Art, Animation, Expérimental, Présentation, Jeu, Prix du public et en enfin le prix d’excellence 2005.
A l’occasion du 150 ème anniversaire de la naissance d’Arthur Rimbaud en 2004, ce site lauréat de la Catégorie Graphisme, nous immerge dans les « 8 itinéraires de la vie d'Arthur Rimbaud, 8 voyages comptés par Arthur H ». Ce site commandé par la ville natale de Rimbaud (Charleville Mézières), emprunt d’une poétique rare, conte de manière originale le parcours initiatique de Rimbaud. Entre réalité et songe, le fil conducteur de cette rétrospective est la voie râpeuse et suave d’Arthur H. Expressions fantomatiques de corps dansants, musique minimaliste et riff de guitare, flash d’images mentales, et la reprise du fond des manuscrits de Rimbaud créent une esthétique intimiste. Ce site permet de découvrir ou de redécouvrir le poète Rimbaud. Un Rimbaud devenu électronique et interactif le temps d’un site, pour une second naissance.
Le site de la Catégorie Net Art qui présente différents modules autonomes interactifs a pour point de départ une réflexion sur le bruit. Sonoise de Permeable.net est une tentative éclairée de symbolisation des bruits et des sonorités qui sont propagés instantanément par le réseau de communication qu’est Internet. Autrement dit, ce site rend compte de la circulation chaotique des flux d’images et de bruits ruminés et éructés par les machines dans leurs phases cryptées, partielles et pour le moins indescriptibles. Ce site se fait capteur de perturbations électroniques et l’ordinateur se fait boîte à bruit Brussoliennes. C’est une suite de dérapage, de zapping incessant qui nous ramènent à une sorte de mer primordiale électronique, une écume bruyante qui se posent sur le rivage de nos sens.
Incorrect ? Entendons par là, que ce lauréat de la Catégorie Animation ne l’est pas autant que l’on pourrait le croire. Seul les sujets abordés par son auteur le sont. Mais c’est sans compter sur l’humour noir et son esprit caustique qui le caractérise. Après avoir conçu une esthétique de machines sexuelles totalement débridées, il crée une animation sur le thème du Suicid. Avec une présentation rythmée et originale, parsemée d’objets en tous genres évoquant tous les médiums pour un suicide réussi, nous accédons à une saynète Ubuesque. Entendons par là qu’un suicide ne viens jamais seul, et que cet acte devient par le « pur hasard » le point de départ d’une réaction en chaîne. Celle-ci aboutit à l’annihilation de toute vie sur l’écran, avec pour résultat : un tableau de score des tués, comme on en voit dans les jeux vidéos. Comme un malheur ne vient jamais seul, d’autres petites saynètes sont à venir, et ce pour notre plus grand plaisir.
Et si Saint Matthieu de la cybernétique nous contait une nouvelle genèse pour un paradis, une terre et un enfer peuplé de robots. Ce monde pourrait s’appeler Robota, en référence à la pièce de théâtre R.U.R (Rossum’s Universal Robots) de Karel Apek, ou bien encore Métropolis selon Fritz Lang, mais plus modestement il s’intitule La Jungle des Automates. Avec ce triptyque, proposé par Matthieu Gueritte, lauréat de la Catégorie Expérimentale, nous plongeons, comme vous l’avez compris, dans un monde d’automates et de robots. Le premier volet, c’est la conception du couple de robot et l’avènement du pêché originel. Le second, la vie sur Automata, où jouissance et décadence de l’existence se croisent. Enfin le troisième volet, les enfers… Ces trois volets demandent une attention toute particulière dans leur phase exploratoire, chaque détail compte et est le déclencheur de situations amusantes, et tout à la fois tragiques. Comme si tous les mondes qui peuvent être recrées, ne peuvent tout compte fait, se libérer du notre.
Enfin pour finir ce tour d’horizon, le Prix d’Excellence revient au collectif Anonymes pour son site du même nom : Anonymes.net - V2. Ce site est un ovni comme on aimerait en rencontrer plus souvent sur Internet. Ses concepteurs le définissent par ces mots « site touristique, naturel, protégé et classé ». C’est en fait un lieu virtuel expérimental entre roman photo et cinéma d’art et d’essai interactif. Le flux des images qui se donnent à voir, rend compte d’une trame narrative très simple : la rencontre de deux jeunes personnes prises dans la tourmente de leurs passions. Seulement, sous fond d’ambiances sonores de la vie quotidienne et du rythme d’un piano oscillant entre entrain et mélancolie, nous voyons une recomposition du flux d’images animées et non animées très complexe. Anoymes.net gagne a être connu, il en est certain.

Lauréats présentés

http://www.sonoises.org/master/

http://www.rimbaud-arthur.com/

http://incorect.com/INCORECT/suicid/suicid1.htm

http://www.moxomoxo.com/

http://www.anonymes.net/

http://www.isseymiyake.com/

http://www.versunmondemeilleur.com/chat/

http://www.unnoelzinzin.com/