Critique SACRIFICE

Ancienne réalisatrice de vidéos Tarama Laï porte désormais son art vers des œuvres numériques participatives, un Art qu’elle désigne, à juste titre, « entre happening et Art Ephémère ». Sa dernière actualité était de participer au festival Vidéoforme à Clermont Ferrand où elle présentait le cd-rom Solénoïdes : des cyber poèmes pulsées tels des flux électroniques et de pensées jaillissant de manière chaotique et confuse sur l’écran cathodique. Avec sacrifier le SACRIFICE SACRIFING , elle perpétue ses expérimentations afin de tenter de réconcilier le réel et le virtuel, le corps et l’esprit pour déjouer les processus inhérents aux processus de virtualisation. De ce fait, elle interroge les dimensions mentales et corporelles que présuppose la notion de sacrifice.
Dans une sociétés occidentale policée assujettie à une économie libidinale toujours plus maîtrisée, le sacrifice rituel dans son sens liturgique et dans sa fonction auto régulatrice, celle permettant de polariser les violences , les tensions individuelles et sociales, n'aurait plus lieu d'être. Devant cette dissolution, Tarama Laï part en quête de nouveaux territoires sacrificiels dans les rîtes vécus désormais au quotidien. Ces réminiscences sont infinies, et chacun est en proie « à vivre avec », bon gré mal gré, de manière consciente ou inconsciente. Taramaï Laï s’érigerait-elle alors sur l’autel sacrificiel pour devenir un bouc émissaire, un martyre, un monstre d’un nouveau genre ? Il en est certain, seulement cristalliser sur sa personne toutes les tensions d’une société est peut être un fardeau trop lourd à porter. Il incombe, du moins pour ceux qui en font le choix et qui se reconnaissent dans cette démarche, d’y participer.
Nous en arrivons à l’aspect fondamental de sa démarche. Force est de constater que sa présence sur de nombreuses listes de diffusion et plates formes Internet n’est pas inopportune, au contraire… Elle s’adresse à tous les « opérateurs culturels », quels qu’ils soient, afin de leur demander si leurs contributions respectives seraient de l’ordre du sacrifice. Un sacrifice qui pousserait jusqu’a ses retranchements les limites culturelles liées au corps : Art charnel et Body Art, ou bien encore, le sacrifice de l’artiste et son œuvre sur l’autel de la critique. Il appartient à chacun de répondre aux propositions de Tarama Laï en faisant un de soi pour l’autre, c’est à dire en lui remettant une part de vous-mêmes : un texte, une image, une animation ou bien une musique. L’ensemble de tous ces éléments réunis constitueraient une éthique du sacrifice des acteurs de la culture à l’échelle mondiale (il suffit de prendre connaissance de la nationalité des participants pour s’en convaincre). En respectant, la logique du don/contre-don, le sacrifice n’est pas gratuit comme certains le prétendent. Chaque participant recevra en retour un autoportrait de l’artiste, sous la forme d’un morceaux de son corps nu virtuel et signé.
Cette œuvre participative prouve que l’échange symbolique qu’implique le sacrifice fait toujours lien dans nos sociétés aseptisées et normalisatrices, et prouve que nous avons nécessairement besoin de jouer avec les paradoxes et les tabous qui nous habitent. Ne faut-il pas se souiller pour se purifier ? La deadline est le 31 mai 2005, il ne tient qu’à vous d’y participer, il n’est pas encore trop tard…