Critique MARCEL-LI ANTUNEZ ROCA



Pour sa 5ème édition le Festival @rt Outsiders, qui se déroulera du 15 septembre au 3 octobre 2004, à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) propose une installation interactive de l’artiste cyber MARCEL-LI ANTUNEZ ROCA qui s’intitule Résistance-Tantale.
La thématique de cette nouvelle édition est « la résistance des artistes face à la censure » dans les différents domaines de la création contemporaine (cinéma, la musique, les jeux vidéo ou le Net Art). Selon ce thème, dont on ne peut que féliciter son actualité et son audace, une soirée projection/débat sera organisée à la MEP le vendredi 24 septembre de 17h à 19h30. Henry Chapier et Jean Luc Soret animeront le débat, ils seront entourés de Nicolas Frespech (artiste témoignant de la censure de son œuvre en Net Art), Jean-Christophe Berjon (Délégué Général de la Semaine Internationale de la Critique), Christophe Vix (consultant artistique en musique électronique), Julien Pain (Bureau Internet et libertés de Reporters Sans Frontières) et de Marcel-Li Antunez Roca qui présentera son installation.
A l'occasion de la Nuit Blanche, ce dispositif sera fonctionnel depuis la rue - au 82, rue François Miron - pour les noctambules jusqu'à 5 heures du matin dans la nuit du Samedi 2 Octobre. Par ailleurs, les 21, 22 et 23 Septembre Festival Emergences Marcel-Li Antunez Roca présente son opus baroque POL avec trois dispositifs interactifs : Alfabeto, Human Machine et Requiem.


Résistance-Tantale


Membre fondateur de la compagnie trash-punk La Fura dels Baus de 1979 à 1989, il est l’instigateur de performances « mécatroniques » en inventant de multiples dispositifs tel que le bodybots (robots contrôlés par le corps), le dresskeleton (l'exosquelette, interface du corps) et la Systématurgie (narration interactive avec des ordinateurs). Ces principales performances s’intitulent Epizoo (1994), Afasia (1998), Requiem (1999) et Pol (2002). Actuellement, il travaille au projet d'art spatial Transpermie - DEDALUS.
A son arrivé dans la salle, le spect-acteur (spectateur devenu acteur) reste interloqué devant le dispositif mis en place. Ainsi après avoir pris connaissance du modus operandis, il s’ensuit des fous rires, mêlés d’embarras devant l’étrangeté de se voir dans des situations aussi burlesques et rocambolesques… Résistance-Tantale est une œuvre interactive qui reprend le principe des photographies populaires de rue du milieu du XX ème siècle, mais sublimé par l’imagination débridée d’Arundez Roca et les nouvelles technologies interactives mises désormais à disposition. De cette alchimie, il en ressort une œuvre interactive, animée et fictive.
Le procédé technique nécessite notre participation active. Outre l’interface visuelle conventionnel de l’écran géant, le spectateur se doit d'introduire son visage dans une boite en fer (style boite aux lettre). Une courte séquence est capturée par une vidéo, vidéo déclenchée par le son de votre voix. Après traitement informatique votre visage avatar est immergé dans un univers totalement délirant. En mêlant anachronisme vestimentaire, corps dégingandé, fantasmatique et dénudé, le (ou les) nouveau double de vous-même évolue dans une dimension absurde.
On emprunte alors huit corps qui vous font migrer dans des scénettes, volontairement tronquées, tel des collages surréalistes, dans des mises en scènes baroques et fantasmagoriques. Tour à tour, vous emprunter des corps jouant à la guitare électrique, vêtus de robes, de maillots de bains de grand-mère, ou encore ils se trouvent soumis à des mutations dignes d’Akira de Katsuhiro Otomo. « Hommage à Dali », « Hommage à Goya » en sont les principales inspirations, mais non seulement, on y entrevoit les positions provocantes d’un Pierre Molinier avec des ustensiles « rigolos », un Hermann Nietzsch jouant avec du « ketchup », ou bien encore plus proche de nous, des jeux avec de la boue selon Costes.
C’est un travail sur les affects, les émotions, nous sommes suppliciés, tel Tantale. C'est peut être se voir et être vu par d’autres en si fâcheuse posture et de ne pouvoir maîtriser la production de sa propre image dans un univers virtuel, et de ce fait résister à l’incapacité de pouvoir arrêter ce processus, qui littéralement vole, capte et détourne notre propre identité. Ceci n’est qu’une illustration pour exprimer la censure, et c’est ce que l’on peut du moins lire entre les lignes.
C’est une œuvre du détournement de soi pour une œuvre collective qui inlassablement se reproduit sans trouver son achèvement. Non sans humour, la compromission à cette œuvre transgressive est totale, dés que l’on y participe, il n’y a plus d’échappatoire possible, autre que celui de s’abandonner à l’œuvre, et cela sans que la censure s’exprime…




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