NIDS ELECTRIQUES (souvenir bulgare)

Ces nids électriques sont d’une extravagance insensée. Ils osent enfin sortir des maisonnées pour exhiber leurs fils ténus et délicats, réceptacles des fées et kobolds électriques modernes. De leur nouvelle assurance, ils ne cherchent plus à cacher l’intimité de leurs rets. Ne leur en voulez pas de s’exhiber comme cela en public, leurs bordéliques chaos sont peut-être la mise à jour d’un nouvel écosystème. Cette mise à nue n’est que la partie émergente de ce qui se trouve à couvert de nos regards, la plupart du temps, logés dans d’incompréhensibles boîtes noires sous tension, où énergie et information circulent à la vitesse de la lumière. Ces nids électriques sont ces foyers de résistance visibles à toutes possibilités d’ordonnancement des réseaux. Ces câbles sont toujours trop longs, ils enflent, ils débordent. Et bien que l’on tente de les arranger en nœuds, ils finissent toujours par n’être que des amas inextricables de spirales organiques entrelacées. Est-ce un hymne à la vie qui y circule ? Celui qui décide de les couper, se coupe d'elle aussi. Mais peut-être est-ce un moindre mal que laisser faire ? Malgré leurs trop grandes longueurs dont personne ne veut, ce sont d'indispensables restes, desquels peuvent ressurgir à tout instant des choses dont on ne peut décider la forme. Ce ne sont pas des pollutions visuelles que tout architecte se doit d’effacer d’une façade. Ne faut-il pas plutôt les laisser pousser, tels des herbes folles, comme manifestation de la vie qui circule dans toute la ville ? Ils ne manquent pas d’air, ni de spectre, on suppose même que quelque ménagerie improbable composée d’animaux d’un nouveau genre y couve. Impossible me direz-vous, qu’une hirondelle électrique n’y élise domicile. Et pourtant, si cela était vrai. Ces nids sont des foyers vierges d’imaginaires, pas seulement des nids à poussières.




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