DEFENAITRER

Au file de mes pensées face à cette fenêtre, c’est mon regard qui accroche, qui dissèque le réel avec pour seul désir de le rendre transparent, proxémique, du moins intelligible. A force de vouloir tout s’approprier, ce regard lacère les paysages et écorche les corps. Lui qui ne voulait que toucher, il ne fait que blesser. C’est peut être le prix à payer du travail du regardeur sur ce qui lui est extérieur, nombreux sont ceux qui à force de parcourir le monde du regard le biffe, le raye, le rature pour finalement, véritablement le transformer. Moi qui suis seul face à cette fenêtre, je ne suis qu’en quête d’une idée pour finir cette interminable ligne, et recouvrer ce semblant de pensée qui c’est égarée en chemin. Mon regard plonge et virevolte une nouvelle fois dans l’abîme du vide, il erre de détails en détails jusqu'aux moment impossible où mon œil panoptique ait tout saisi. Rein n’y fait cette pensée est en définitive égarée, peut être à jamais, qui sait. Mais j’ai fait en sorte cette fois-ci que mon regard effleure, se love sur les formes des choses. Et surtout, qu’il ne trouve pas une idée autre que celle qui a été perdue, si je la voie tant mieux, si je ne la cueille pas tel un papillon dans son envol, tant pis. Trouver autre chose que ce qui a été perdu risque de transformer le paysage de derrière la fenêtre, et n’appréhender que l’illusion fantomatique de ce qui a été oublié. C’est à ce moment que commence le monde des hommes, et que je ferme mes rideaux.