ENVOL RATE

Du haut du troisième étage de la tour Eiffel j'ai voulu prendre mon envol, me désengluer de la pesanteur visqueuse de la réalité du monde, pris par l'irrésistible envie d'être happé par le vide. Alors j’ai tenté… Mais comme d’habitude c’est mon cerveau, au sens propre comme au figuré, qui suivit le mouvement. Les grilles n’ont jamais su le retenir, alors que mon corps quant à lui, peine à se libérer. Ce n’est que partie remise. Je penserais à prendre tout de même un parachute, un élastique, des ailes d’ange ou de griffon, ou trouver un matelas, une mer pour m'accueillir. Me reste comme souvenir, cette sensation persistante et singulière de vertige intérieur : mon immobilité du troisième étage est feinte. Mon esprit est le réceptacle du cosmos et me fait voyager à la vitesse de la lumière, ou à celle, infiniment plus lente et contemplative, d’un escargot dans sa coquille corps/spiralée.